La classe préparatoire est un microcosme assez étrange au sein duquel les élèves, pendant deux à trois ans, préparent, justement, leurs concours d’entrée dans des écoles d’ingénieurs, de commerce, ou encore aux Ecoles Normales Supérieures.
La préparation y est intense, difficile, éprouvante, s’il faut en croire le folklore lycéen, persistant, qui dépeint la prépa comme un nouveau bagne de Cayenne.
S’il est évident qu’une part importante de la préparation se fait grâce au travail des étudiants sous la houlette scrupuleuse des professeurs, une autre part, moins reconnue, est tout aussi prépondérante : l’ambiance de travail.
La préparation doit effectivement s’effectuer dans les meilleures conditions possibles, de façon à créer autour des étudiants ce microcosme serein qui les empêche de penser à des soucis terre-à-terre tels que les problèmes administratifs d’inscription, les procédures de ces dites inscriptions, à l’université comme aux concours, les problèmes de logement, voire à des problèmes plus personnels.
C’est précisément cette ambiance de travail que M. Campion s’efforce de créer et de rendre pérenne au sein du Lycée Bertran De Born. Toujours à l’écoute des étudiants, pour quelque tracas que ce soit, toujours prêt à aider les élèves dans les difficultés qu’ils rencontrent, en se faisant tampon avec l’administration, en assurant lui-même les inscriptions aux concours, en les vérifiant et re-vérifiant encore avec les élèves, en s’occupant des modalités d’inscriptions à l’université, s’assurant de défendre l’intérêt de chacun des étudiants, M. Campion est la cheville ouvrière indispensable de cette classe préparatoire.
Lorsque j’entrai au Lycée Bertran de Born, en septembre 2004, j’avais, pour ainsi dire, la fleur au fusil et ma naïveté comme bouclier. C’est M. Campion qui m’a indiqué où trouver un logement, c’est lui encore qui s’est assuré de mon inscription en faculté (de même qu’il s’en est assuré pour toute la classe, inscrivant qui à Toulouse, qui à Bordeaux, qui ailleurs selon les vœux de chacun), lui toujours qui nous a expliqué à quelle caisse d’assurance maladie s’affilier à Périgueux. En 2006, moment crucial de la préparation, c’est de nouveau M. Campion qui nous a inscrit aux concours, tant aux écoles de commerce qu’à l’E.N.S., vérifiant avec nous que nous avions rempli correctement les formulaires administratifs de rigueur.
Le bon souvenir que je conserve de Bertran de Born est étroitement lié à M. Campion, à son soutien moral dans les coups durs, à sa présence constante pour tout un chacun.
C’est ainsi que la réponse de M. le Ministre de l’Education Nationale me surprend à plus d’un titre. Effectivement, M. Campion savait que son poste allait toucher à échéance, et qu’il ne serait pas renouvelé, du fait des contraintes légales. Cependant, il est assez étrange de penser qu’il ait pu savoir cela et rester simplement à attendre à la fatalité. M. Campion aurait souhaité passer les concours dont M. Darcos parle, mais encore faudrait-il que ceux-ci existent.
Le problème est la titularisation du poste de M. Campion tel qu’il existe aujourd’hui. S’il fallait considérer uniquement l’angle de la méritocratie, cela se ferait en un tournemain, au vu des performances de M. Campion. De sorte qu’il faut en conclure que le bât blesse quant au contrat : effectivement, un contrat à durée déterminée est aisément révocable, tandis qu’un contrat à durée indéterminée est lui beaucoup plus solide, et entraînerait la question du renouvellement de poste.
M. Campion apparaît alors comme la victime d’un mammouth que l’on souhaite, à tous prix, faire maigrir, au point de sacrifier à l’autel de ce régime les personnes qui le font encore avancer.
Aurélien Royer
HK-KH promo 2005